Hommage à Max Romeo : Une voix éternelle du reggae s’éteint à 80 ans
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Le 11 avril 2025, le monde du reggae a perdu l’un de ses piliers les plus influents : Max Romeo, de son vrai nom Maxwell Livingston Smith, s’est éteint à l’âge de 80 ans à St. Andrew, en Jamaïque, des suites de complications cardiaques. Artiste engagé, poète provocateur, militant rastafari, Max Romeo a traversé six décennies de musique en laissant derrière lui un héritage inestimable, mêlant conscience sociale, amour, spiritualité et rébellion.
🌱 Des champs de canne à sucre aux studios de Kingston
Né en 1944 dans la paroisse de Saint James en Jamaïque, Max Romeo grandit dans une famille modeste. Jeune homme, il travaille dans une plantation de canne à sucre tout en rêvant de musique. Ce rêve le pousse à migrer vers Kingston, épicentre du mouvement musical jamaïcain.
C’est là qu’il intègre The Emotions, un groupe vocal avec lequel il se fait remarquer en 1966 grâce au titre "(Buy You) A Rainbow". Déjà surnommé "Romeo" pour son penchant romantique dans les chansons, il amorce une carrière solo en 1968 qui va bousculer les normes établies.
🚨 "Wet Dream" : la provocation au service du succès
En 1969, Max Romeo fait une entrée fracassante dans la scène internationale avec "Wet Dream", un morceau audacieux produit par Lee "Scratch" Perry. Malgré son interdiction d’antenne à cause de ses paroles à double sens, la chanson devient un hit au Royaume-Uni et se hisse dans le top 10 des charts.
Max Romeo assume dans un premier temps ce virage osé, publiant d'autres titres provocateurs, mais dès 1971, une transformation s’opère : il laisse derrière lui les textes grivois pour se tourner vers la musique consciente et militante, guidé par sa foi rastafari.
✊🏾 Un militant au service du peuple
Avec "Let the Power Fall on I" (1971), Max Romeo entre dans l’arène politique. Ce titre devient l’hymne du People’s National Party de Michael Manley pendant les élections de 1972. Romeo incarne alors un artiste au service du changement social et de l’émancipation du peuple jamaïcain.
Mais désillusionné par les promesses non tenues, il chante en 1976 "No Joshua No", une critique directe envers Manley. Ce revirement prouve une chose : Max Romeo ne suivait que sa conscience.
🔥 "War Ina Babylon" : le sommet artistique
1976 est une année charnière. Romeo sort "War Ina Babylon", album devenu culte, produit par Lee "Scratch" Perry et accompagné par The Upsetters. L’album mêle groove roots, conscience politique et spiritualité, et contient "Chase the Devil", son plus grand succès.
Ce morceau sera samplé des années plus tard par Jay-Z dans Lucifer, Kanye West, The Prodigy, ou encore utilisé dans des films hollywoodiens et le jeu vidéo GTA. Pourtant, malgré sa notoriété, Max Romeo affirmera n’avoir jamais perçu de royalties pour cet album.
🌍 Une carrière internationale et une voix toujours debout
Durant les années 1980 et 1990, Max Romeo s’installe un temps à New York, collabore avec Keith Richards des Rolling Stones, et continue de produire des albums influents comme "I Love My Music", "Reconstruction" ou "Selassie I Forever".
Il travaille avec des producteurs de renom comme Jah Shaka ou le duo Mafia & Fluxy, affirmant toujours son attachement au roots reggae, à l'identité africaine et au panafricanisme.
👨👩👧 L’héritage familial et la tournée d’adieu
Père de plusieurs enfants musiciens, Max Romeo transmet le flambeau à la nouvelle génération, notamment à Xana Romeo, chanteuse reggae engagée, et à Azizzi Romeo.
En 2019, il sort l’album "Words From the Brave", enregistré avec le groupe français Roots Heritage. En 2023, il annonce une tournée d’adieu accompagnée de l’album "The Romeo Legacy", réunissant des artistes comme Marcia Griffiths, Julian Marley, et ses propres enfants. Il affirme alors : « C’est la fin d’une époque pour moi, mais le reggae vivra toujours. »
⚖️ Un combat pour la justice
En 2022, Max Romeo entame une bataille juridique contre Universal Music Group, détenteur d’Island Records, pour près de 50 ans de droits impayés. Il dénonce le racisme structurel, les abus de contrats et l’exploitation de son œuvre sans compensation.
« À 78 ans, je ne peux pas rester silencieux. Je dois me battre pour ce qui m’appartient, pour les générations futures. On m’appelle ‘légende’, un titre que je porte avec fierté. Alors je l’honore. »
🌟 Une étoile qui ne s’éteindra jamais
Max Romeo était bien plus qu’un chanteur. Il était une voix du peuple, un prophète musical, un pilier du reggae roots et un témoin de l’histoire jamaïcaine. Son départ laisse un vide immense, mais ses chansons, elles, continueront de résonner à travers les générations, comme un appel à la justice, à l’amour et à la liberté.
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